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Cameroun : le pays retient son souffle au premier jour de l’appel aux «villes mortes»

Cameroun : le pays retient son souffle au premier jour de l’appel aux «villes mortes»

Une nouvelle phase des manifestations post-électorales démarre ce lundi 3 novembre 2025 dans les villes du Cameroun. Issa Tchiroma Bakary, candidat déclaré deuxième de l’élection présidentielle, et qui a rejeté ces résultats, appelle à des « villes mortes » pour trois jours.

Ce qui veut dire, en théorie, que tout doit être fermé : les administrations, les commerces, les écoles, les transports à l’arrêt… À Douala, capitale économique du pays et épicentre des manifestations de la semaine dernière avec Garoua, dans le Nord, la situation sera une nouvelle fois scrutée, pour évaluer, notamment, le niveau d’adhésion à ce mot d’ordre.

À Douala, Christian tient une boutique au Carrefour conquête, à deux cents mètres environ de l’hôpital général de la ville. Ce lundi 3 novembre 2025, c’est décidé, il n’ouvrira pas. « Je n’ouvre pas pour ma propre sécurité déjà et aussi par rapport à la tension qu’il y a entre les deux parties. Je vais rester chez moi et observer pendant une semaine », explique-t-il.

La boutique de William se trouve, elle, au quartier Akwa, au centre d’affaires. Comme Christian, il va fermer ce lundi, mais plus pour adhésion au mot d’ordre de « ville morte » que par simple peur.

« Il y a un mot d’ordre qui a été lancé. Entre-temps, les autorités ne nous donnent aucune garantie. Donc, nous décidons de marcher comme la grande partie a décidé, à savoir que les commerces soient fermés. J’opte pour la majorité : rester à la maison, laisser les boutiques fermées, jusqu’à nouvel ordre », justifie-t-il.

La crainte d’une situation compliquée

Geremy, la cinquantaine révolue, s’inquiète, lui, des possibles débordements que la ville pourrait connaître. Il regrette les dégradations sur la chaussée, les stations-service saccagées ou les dizaines de voitures incendiées. « Les casses ne sont pas bienvenues dans une manifestation ou dans une revendication. C’est une chose de revendiquer, c’est une chose d’être en colère, mais c’est négatif de casser, indique-t-il. Ce sont des investissements qui sont anéantis, qui sont détruits, et qui sont des efforts de nos concitoyens. C’est regrettable que des pneus soient mis sur la chaussée et que des investissements à coups de milliards puissent s’envoler de cette manière. »

Des stigmates encore bien visibles ici et là dans la ville et qui ont obligé certains à faire des provisions pour leurs familles, en attendant de voir la tendance jusqu’à la fin de semaine.

De son côté, le gouvernement a condamné « les appels à l’insurrection et aux villes mortes » de « nature à mettre en péril la vie de la nation ». Le ministre de la Communication, René Emmanuel Sadi, porte-parole du gouvernement, a appelé les différents acteurs du scrutin présidentiel à prendre acte des résultats proclamés. Il rappelle que le gouvernement a pris des mesures visant à rétablir l’ordre et la tranquillité publique. Les manifestants qui commettent de graves sévices seront punis conformément à la loi. Le ministre de la Communication n’a pas manqué de saluer « le professionnalisme des forces de sécurité », avant de fustiger les prises de position, sur la crise post-électorale, des pays amis et des partenaires internationaux du Cameroun.

« Il n’y a pas eu d’usage disproportionné de la force publique, comme certains ont cru devoir le décrier, ici et là. Notamment à travers certaines chancelleries de pays amis. Au demeurant, c’est aussi le lieu d’en appeler à l’objectivité des pays amis et autres partenaires internationaux, dans le regard qu’ils portent sur les enjeux qui nous interpellent et la prise de positions sur nos réalités structurelles ou conjoncturelles. Le gouvernement entend rappeler qu’ils ont, pour vocation première, d’œuvrer au renforcement des relations entre leurs pays respectifs et le Cameroun. Qu’ils ne devraient, en aucun cas, se muer en donneurs de leçons. » dixit René Sadi, ministre de la Communication et porte-parole du gouvernement

Avec notre envoyé spécial à Douala, Polycarpe Essomba
rfi

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