RTS - LE JT 20H DU LUNDI 06 OCTOBRE 2025
ORTB BENIN - LE JT 20H DU LUNDI 06 OCTOBRE 2025
RTB TV - LE JT 13H DU LUNDI 06 OCTOBRE 2025
ORTM - LE JT 20H DU LUNDI 06 OCTOBRE 2025
RTN Niger - LE JT 20H30 DU LUNDI 06 OCTOBRE 2025
EQUINOX TV / LE JT 20H DU LUNDI 06 OCTOBRE 2025
Des manifestations ont encore eu lieu mardi 30 septembre au Maroc à l’appel du collectif GenZ212, mais pour la première fois des violences ont été observées et des blessés ont été recensés. Réunissant sa majorité et une parti de son gouvernement, Aziz Akhannouch a tenté de reprendre la main en soulignant les réformes engagées dans la santé et l’éducation.
Pour la quatrième journée consécutive, des manifestations ont eu lieu mardi 30 septembre dans plusieurs grandes villes du Maroc à l’appel du collectif GenZ212. Mais à la différence des journées précédentes, des heurts ont éclaté dans plusieurs villes et des blessés ont été recensés.
À Inzegane, dans la banlieue d’Agadir, des personnes parfois cagoulées ont jeté des pierres sur des forces de l’ordre et incendié barrières, bennes à ordures et abords d’un centre commercial, d’après des vidéos relayées par des médias locaux. Des violences ont également eu lieu à Beni Mellal (centre), Aït Amira, près d’Agadir, et Oujda (nord-est), selon les mêmes sources. La police marocaine indique que beaucoup des jeunes interpelés ont entre 15 et 20 ans et n’appartiennent pas à la fameuse « Génération Z » qui donne son nom au mouvement mais à la suivante, baptisée Génération Alpha.
À Rabat, plus de 200 manifestants ont été interpellés ces trois derniers jours lors de ces rassemblements interdits et dispersés par la police, mais jusqu’à mardi pacifiques. La plupart des protestataires ont été relâchés, selon l’Association marocaine des droits humains (AMDH). Mardi, le parquet a décidé qu’un premier groupe de 37 personnes, dont trois placées en détention, allait être jugé à partir du 7 octobre, a indiqué leur avocate Me Souad Brahma qui a dit ne pas connaître pour le moment les chefs d’accusation retenus contre eux.
À Casablanca, le ministère public a soumis une requête pour l’ouverture d’une instruction à l’encontre de 18 personnes pour « leur implication présumée dans l’entrave de la circulation » lors d’une manifestation dimanche, a indiqué l’agence marocaine MAP, précisant que six mineurs avaient été déférés devant une instance spécialisée.
Réagissant aux violences observées lors des manifestations du 30 septembre, l’ancien chef du gouvernement et dirigeant du Parti de la justice et du développement (PJD), Abdelilah Benkirane, qui dès le 28 septembre prophétisait que « le printemps arabe reviendra », a appelé les organisateurs de GenZ212 à mettre fin aux manifestations »avant de basculer vers l’inconnu ».
Des commentaires immédiatement rejetés sur les réseaux sociaux du collectif, qui rappellent une fois encore que le dirigeant islamiste n’avait pas fait mieux que ses successeurs en matière des services publics lorsqu’il était aux affaires.
La voie du « dialogue et de la concertation »
Mardi, le Premier ministre Aziz Akhannouch qui était resté silencieux depuis les premières manifestations a réuni à Rabat les principaux responsables de sa majorité, parmi lesquels les dirigeants de l’Istiqlal et du Parti authenticité et modernité (PAM) afin d’évoquer la situation. Étaient aussi présents les ministres en charge des secteurs qui concentrent les critiques des manifestants – Mohamed Saâd Barada, ministre de l’Éducation nationale, Amine Tahraoui, ministre de la Santé – ainsi que le porte-parole du gouvernement Mustapha Baitas.
Face aux slogans des jeunes protestataires, la majorité a affirmé son « écoute attentive et sa compréhension des revendications sociales » et s’est dite « consciente des accumulations et des problématiques que connaît le système de santé depuis des décennies » tout en rappelant que « le dialogue et la concertation » étaient les seules voies qui permettraient de répondre aux attentes exprimées.
Concernant les exigences formulées tant sur le secteur de la santé que sur celui de l’éducation, l’exécutif a mis en avant les réformes engagées, tout en soulignant que « l’ambition de réforme exprimée par la jeunesse rejoint les priorités sur lesquelles planche le gouvernement » mais que « compte tenu de leur ampleur », leurs résultats « ne peuvent être mesurés immédiatement ».
Dans la santé notamment, le gouvernement a rappelé qu’un grand chantier de rénovation était en cours, comprenant la réhabilitation des grands établissements du pays ainsi que la création de nouvelles unités, mais aussi la formation d’un plus grand nombre de professionnels. Les parlementaires, mais aussi les acteurs de la société civile, ont été invités à formuler des propositions pour mieux répondre aux attentes des citoyens du royaume.
Lors de la réunion, les responsables de la majorité et les ministres ont également exprimé leur « regret » face aux violences, appelé les manifestants « à respecter le caractère pacifique » de leurs protestations et salué l’action des forces de l’ordre. Mais du côté de ces dernières, l’agacement est sensible. « Ce gouvernement ne prend pas ses responsabilités et nous laisse seuls en première ligne face à la rue. Le strict minimum serait que les ministres de la Santé et de l’Éducation soient limogés », confie à Jeune Afrique une source sécuritaire.
Le gouvernement actuel peut-il tenir ?
Lors du remaniement ministériel du 23 octobre 2024, le choix de nommer Mohamed Saâd Barada et Amine Tahraoui à la tête de l’Éducation et de la Santé avait déjà soulevé des interrogations. Connus pour avoir évolué dans l’ombre d’Aziz Akhannouch et pour faire partie de ses fidèles, les deux responsables n’étaient ni l’un ni l’autre des spécialistes de ces départements extrêmement sensibles.
Moins d’un an plus tard, ils n’ont visiblement pas convaincu. Sentiment aggravé par le fait que les manifestants qui réclament un meilleur système de santé et des établissements scolaires de qualité ont l’impression de ne pas être entendus par les autorités.
Le fait que la réunion gouvernementale de ce mardi n’ait donné lieu qu’à la rédaction d’un communiqué, et non à une prise de parole en bonne et due forme, renforce le sentiment que le gouvernement n’a pas pris la mesure de la gravité des événements, ou ne sait pas comment y répondre. Et interroge sur l’avenir, alors que des élections législatives sont prévues à l’automne 2026.
L’équipe actuelle – y compris Aziz Akhannouch, personnellement fragilisé par l’ampleur des manifestations qui ont lieu dans la région d’Agadir, son fief – pourra-t-elle se maintenir jusque-là ? Aujourd’hui, beaucoup en doutent et appellent à la formation d’un gouvernement de technocrates chargé de répondre aux urgences sociales, seule solution à leurs yeux afin d’éviter une dégradation de la situation et une aggravation des violences.
Le mouvement gagne aussi en popularité auprès des Marocains de la diaspora, qui s’expriment de plus en plus massivement sur le sujet. Plusieurs footballeurs évoluant ou ayant évolué en équipe nationale – Sofyan Amrabat, Bilal El Khannouss, Nayef Aguerd, Yassine Bounou, Mohamed Chib, Azeddine Ounahi, Abdelhamid Sabir, Hakim Ziyech – ont affiché publiquement, ces dernières heures, leur solidarité avec le mouvement.
Beaucoup de regards se tournent maintenant vers le roi Mohammed VI, qui doit s’exprimer le 10 octobre à l’occasion de la rentrée parlementaire. Ni le souverain ni l’institution monarchique ne sont mis en cause par les manifestants de GenZ212.
(Avec AFP)
Vous devez vous connecter pour publier un commentaire.