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France : le gouvernement du Premier ministre Michel Barnier enfin dévoilé

France : le gouvernement du Premier ministre Michel Barnier enfin dévoilé

La composition du gouvernement français a été dévoilée ce samedi 21 septembre, deux mois et demi après des élections législatives anticipées qui n’avaient dégagé aucune majorité absolue à l’Assemblée nationale.

Matignon avait annoncé dans la soirée de jeudi 19 septembre que le gouvernement serait connu avant dimanche 22 septembre. C’est chose faite. Plus de deux semaines après la nomination de Michel Barnier à Matignon et quelques ajustements, l’Élysée a dévoilé ce samedi la composition du nouveau gouvernement français, une équipe de 39 ministres largement méconnus du grand public, où le camp présidentiel emporte l’avantage face à la Droite républicaine qui s’assure toutefois des portefeuilles de premier plan.

Seul « prise » à gauche, l’ex-député socialiste Didier Migaud est nommé ministre de la Justice, en remplacement d’Eric Dupond-Moretti. Vieux routier de la politique et du service de l’État, Didier Migaud est un expert des questions budgétaires : il a présidé la Cour des Comptes pendant dix ans avant de veiller à la probité des élus à la tête de la Haute Autorité pour la transparence de la vie publique (HATVP).

Dati et Lecornu maintenus à leurs postes

Le ministère de l’Intérieur échoit au sénateur de Vendée (Les Républicains) Bruno Retailleau, figure de la droite conservatrice prônant une politique de fermeté en matière d’immigration, qui, à 63 ans, exerce ses premières fonctions ministérielles. Son arrivée place Beauvau a cristallisé le mécontentement des macronistes et du MoDem. Autre personnalité irritante pour ses positions conservatrices, Laurence Garnier, pressentie à la Famille, est finalement nommée secrétaire d’État à la Consommation après deux jours de polémique.

La ministre de la Culture Rachida Dati et celui des Armées Sébastien Lecornu sont les deux seuls à conserver leurs postes. Parmi les rares rescapés du gouvernement Attal figurent le MoDem Jean-Noël Barrot, promu aux Affaires étrangères, et les macronistes Catherine Vautrin, qui passe au Partenariat avec les territoires et à la Décentralisation, Guillaume Kasbarian, à la Fonction publique, et Agnès Pannier-Runachier, à la Transition écologique et à l’Énergie.

À Bercy, c’est un macroniste peu expérimenté, Antoine Armand, qui devient ministre de l’Économie, des Finances et de l’Industrie. Le Budget échoit à l’ex-député Laurent Saint-Martin, mais il sera rattaché directement à Matignon, alors que l’élaboration des lois des finances pour 2025, qui a déjà pris un retard inédit, est considérée comme la priorité numéro un dans un contexte de dérapage budgétaire et de croissance atone.

Parmi les entrants, la principale surprise est la députée Renaissance Anne Genetet à l’Éducation, priorité d’Emmanuel Macron soumise depuis 2022 à une valse des ministres. La porte-parole du gouvernement est la médiatique députée macroniste Maud Bregeon, proche de Gérald Darmanin, qui lui n’a pas obtenu le Quai d’Orsay qu’il convoitait. Michel Barnier a préféré tenir à l’écart les potentiels candidats à la présidentielle de 2027, ce qui vaut aussi pour le chef des députés LR Laurent Waquiez.

La MoDem Geneviève Darrieussecq devient ministre de la Santé, autre priorité gouvernementale, le LR François-Noël Buffet hérite de l’Outre-Mer, alors que la crise en Nouvelle-Calédonie est dans l’impasse et que la Martinique fait face à une flambée de violence. La macroniste Astrid Panosyan-Bouvet est nommée au Travail.

Bardella et Mélenchon fustigent un gouvernement sans avenir

La nouvelle équipe strictement paritaire entre hommes et femmes, composée de 19 ministres de plein exercice, 15 ministres délégués et cinq secrétaires d’État, se réunira autour d’Emmanuel Macron lundi à 15h pour son premier Conseil des ministres. Mais combien de temps restera-t-il en place ? Le Nouveau Front populaire, arrivé en tête des élections législatives du 7 juillet mais loin de la majorité absolue à l’Assemblée nationale, a promis de s’opposer de toutes ses forces au gouvernement.

Le leader de La France insoumise Jean-Luc Mélenchon a ainsi appelé à se « débarrasser aussitôt que possible » de ce gouvernement à peine nommé, qui n’a selon lui « ni légitimité ni futur ». « Ce « nouveau » gouvernement signe le retour du macronisme par une porte dérobée. Ce que les Français ont démocratiquement sanctionné, à deux reprises, ne peut revenir par de lamentables jeux d’appareils et calculs politiciens. C’est donc un gouvernement qui n’a aucun avenir », a abondé sur X le président du Rassemblement national, Jordan Bardella, dont le parti détient à l’Assemblée le pouvoir de censurer cette équipe.

« On est gâté, les droites en bande organisée. Pas un nouveau gouvernement, un remaniement. Pas une révolution, une restauration. La continuation du macronisme, en pire. Les socialistes censureront cette trahison du vote des Français », a écrit le patron des députés socialistes Boris Vallaud. Le patron du PS Olivier Faure a lui dénoncé « un gouvernement réactionnaire en forme de bras d’honneur à la démocratie ». « On nous promettait un gouvernement de concorde, on a un gouvernement de droite dure. C’est la démocratie qui est humiliée ce soir avec la fin de ce suspense de papier », a réagi pour sa part Lucie Castets, la candidate du NFP pour Matignon.

« Un gouvernement contre-nature et contre la nature », a renchéri la patronne des Écologistes, Marine Tondelier. « Le gouvernement Barnier, c’est la victoire du macronisme qui absorbe de nouveaux ralliés issus des Républicains et de la gauche pour poursuivre la même politique mère de la même faillite nationale », a quant à lui estimé Éric Ciotti, qui a fait alliance avec le RN, provoquant un psychodrame au sein de LR.

L’annonce de la composition gouvernementale survient alors que plusieurs milliers de personnes ont manifesté de Paris à Marseille ce samedi après-midi pour dénoncer le « gouvernement Macron-Barnier », à l’appel de La France Insoumise, des écologistes et d’associations féministes, étudiantes et environnementales. Une soixantaine de rassemblements étaient annoncés en France, selon le site de LFI. Mais les appels ont été peu suivis en régions. Ils étaient un peu plus de 2 000 manifestants à Marseille, selon la préfecture de police, contre 3 500 lors de la précédente journée de contestation du 7 septembre, 400 à Bordeaux, quelque 200 à Angoulême et Nantes, une centaine à Strasbourg.

rfi avec AFP

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