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Gaza : 31 bébés prématurés ont été évacués de l’hôpital Al-Shifa

Gaza : 31 bébés prématurés ont été évacués de l’hôpital Al-Shifa

Les nouveau-nés et leurs familles ont été déplacés, dimanche 19 novembre, vers une unité de soins néonatals intensifs à Rafah, avant un transfert prévu en Egypte. Selon l’OMS, l’hôpital envahi par l’armée israélienne abrite encore 260 patients.

Une lueur fragile dans un océan de tristesse. La nouvelle a été confirmée dimanche 19 novembre en début d’après-midi. L’Organisation mondiale de la santé (OMS) a annoncé que trente et un bébés prématurés avaient été évacués de l’hôpital Al-Shifa dans la ville de Gaza. Mohammed Zaqout, directeur général des hôpitaux de la bande de Gaza, a confirmé que les nouveau-nés avaient été extraits de l’établissement, accompagnés de «trois médecins et deux infirmiers».

Tedros Adhanom Ghebreyesus, directeur général de l’OMS, a confirmé sur X (ex-Twitter) l’évacuation de «31 bébés très malades, en compagnie de 6 personnels de santé et de 10 membres de leurs familles». Selon lui, six ambulances du Croissant-Rouge palestinien ont été utilisées pour le transfert. Les bébés ont été conduits à la maternité Al-Helal Al-Emairati à Rafah, au sud de l’enclave, où ils reçoivent des soins dans l’unité de soins néonatals intensifs, avant leur départ ultérieur vers des hôpitaux égyptiens.

Efforts héroïques

Depuis des jours, et notamment le début de la prise de l’hôpital al-Shifa par les troupes israéliennes, le sort de ces nouveau-nés prématurés restait suspendu aux efforts héroïques des médecins et personnels de santé. Des images les montrant en train d’essayer de réchauffer les bébés, alors que les coupures de courant ont mis à l’arrêt couveuses et les autres équipements médicaux, ont fait le tour du monde.

«Nous sommes extrêmement touchés et impressionnés par le courage extraordinaire dans leur mission des travailleurs de santé de Gaza, qui poursuivent leur tâche dans les conditions les plus terribles qui soient», a déclaré le directeur général de l’OMS, dans un message sur X, accompagné d’une photo où l’on voit un médecin et un membre des services de secours des Nations unies penchés sur un nouveau-né, qu’ils prennent délicatement entre leurs mains.

Le Croissant-Rouge palestinien a publié sur X et sur sa page Facebook des images d’un convoi d’ambulances blanc et rouge, sur le point de partir pour rallier la quarantaine de kilomètres qui relient l’hôpital Al-Shifa à celui de Tal Alsultan, à Rafah, ville frontalière avec l’Egypte. Ce poste-frontière est le seul lien avec le monde extérieur de l’enclave assiégée par les bombardements israéliens lancés en représailles à l’attaque meurtrière, menée par le Hamas le 7 octobre, dans le sud d’Israël.

Ordre d’évacuation

Le Croissant-Rouge palestinien a précisé que le convoi d’ambulances avait été organisé en coordination avec l’ONU, une condition réclamée par l’organisation après une frappe meurtrière de l’armée israélienne sur une ambulance aux portes d’Al-Shifa, début novembre. Un porte-parole du ministère de la Santé de Gaza, contrôlé par le Hamas, a précisé que les bébés et leurs familles seront transférés vers des hôpitaux égyptiens, lundi 20 novembre.

Samedi 18 novembre, le docteur Ahmed El Mokhallalati avait annoncé sur X, après l’évacuation de centaines de blessés, de soignants et de déplacés qui y avaient trouvé refuge, que lui, «ainsi que cinq autres médecins, restaient à Al-Shifa avec 120 patients». Les responsables de l’hôpital avaient expliqué à l’AFP avoir reçu un ordre d’évacuation de l’armée israélienne, qui assiégeait alors l’hôpital. L’armée a pour sa part affirmé avoir répondu à une requête de l’établissement. Des déplacés évacués ont raconté être sortis entre les chars et les blindés israéliens, après des jours passés dans l’immense établissement, le plus grand de la bande de Gaza, sans électricité et avec très peu d’eau et de nourriture.

«Zone de mort»

L’OMS a pu passer, dimanche, une heure à l’hôpital Al-Shifa, dans le cadre d’une mission conjointe avec les Nations unies, afin d’évaluer la situation et de préparer un plan d’évacuation des patients et personnels soignants encore présents. Il resterait sur place environ vingt-cinq soignants et 260 patients, dont vingt-deux sous dialyse et deux en soins intensifs, selon l’organisation. L’OMS a précisé que la grande majorité des patients encore à l’hôpital étaient victimes de fractures complexes et d’amputations, de brûlures, de traumatismes thoraciques et abdominaux, et que vingt-neuf d’entre eux souffraient de sérieuses blessures à la colonne vertébrale, et étaient incapables de se déplacer sans assistance médicale. Beaucoup souffrent par ailleurs d’infections sévères, en raison de la pénurie d’antibiotiques et des mauvaises conditions d’hygiène.

L’OMS a parlé de l’immense complexe hospitalier d’Al-Shifa comme d’une «zone de mort», où la situation est «désespérée» en raison du manque d’eau, d’électricité, de médicaments, de nourriture et de matériel médical. L’équipe a affirmé avoir vu les traces de combats et de bombardements, et constaté la présence d’une fosse commune à l’entrée de l’hôpital, dans laquelle reposeraient quatre-vingt corps. Des missions seront organisées dans les prochaines 72 heures, pour évacuer les patients restants vers l’hôpital Nasser et l’hôpital européen de Khan Younès, au sud de l’enclave, même si, alerte l’OMS, ils «opèrent déjà au-delà de leurs capacités».

par Sonia Delesalle-Stolper
liberation.fr

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